Protéger les thérapeutes du burnout



PROTEGER LES THERAPEUTES DU 'BURNOUT'

Savez-vous reconnaître le burnout (l’épuisement) professionnel chez vous-même et chez les autres ? Savez-vous quelles ressources sont disponibles pour faire face au burnout chez les thérapeutes ? Vous sentez-vous à l’aise à la perspective de confronter un confrère souffrant de burnout ? Beaucoup d’entre nous répondraient non à ces trois questions qu’adresse un article de Penni Smith et Shannon Burton, dans le dernier numéro de Clinical Psychology Science and Practice.
Le burnout des thérapeutes est un phénomène réel et souvent ignoré. Que faire pour préserver notre bien-être de thérapeute, afin de protéger nos patients ? La détresse précède souvent le burnout qui est défini comme une condition qui compromet le fonctionnement professionnel du psychologue à un point qui pourrait faire du mal au client ou rendre ses services inéfficaces’. (Munsey, C. 2006).
En matière de détresse personnelle, les thérapeutes font état au premier chef d’épuisement émotionnel, de stress professionnel, de fatigue et de désillusion (Mahoney 1997). Le burnout est défini comme un syndrome composé de sentiments d’épuisement émotionnel, de dépersonnalisation et de réduction d’accomplissement personnel (Maslach 1981). Les thérapeutes les plus jeunes sont les plus exposés à ce risque.
Non seulement il est difficile pour la plupart des psychologues de reconnaître et de confronter le burnout chez les collègues, mais la même chose est vraie pour nous-mêmes. Nos formations nous laissent souvent l’impression que nous devons avoir l’air compétent tout le temps et nous encouragent peu à exprimer nos faiblesses personnelles.
Face à des difficultés psychologiques personnelles, on pourrait s’attendre à ce que les thérapeutes aient l’idée de demander l’aide d’un autre thérapeute, et pourtant une étude de Michael Mahoney (1997) indique que 21% des thérapeutes voudraient être plus ouvert à cette idée, 18% exprimaient des doutes sur la valeur d’un tel travail, 16% avouaient de la honte à être patient et 13% des soucis de confidentialité. Même quand les thérapeutes se rendent compte qu’ils ont des soucis, ils négligent souvent de prendre soin d’eux-mêmes. Carl Rogers lui-même disait, à la fin de sa vie, qu’il avait toujours été bien meilleur à prendre soin des autres que de lui-même.
Il vaut mieux prévenir que guérir, et cela s’applique aussi aux thérapeutes. Là encore, ce que nous recommandons à nos clients s’applique à nous : avoir une activité physique régulière, ne pas se laisser déborder par les respnsabilités professionelles, se préserver des loisirs et des vacances. Il peut être utile de se déconnecter du net ou du téléphone pendant ses congés. Mais Sotiria Grafanaki (2005) suggère que l’important c’est surtout d’apprendre à être présent dans ses activités de loisir. Une autre stratégie intéressante suggérée dans cet article est le système des ‘mentors’ dans lequel un thérapeute expérimenté suit et soutient la progression d’un thérapeute débutant.

Les étudiants-thérapeutes entendent souvent Charly Cungi les encourager régulièrement à prendre bien soin de leur instrument le plus précieux, eux-mêmes. Dans How to fail as a therapist, 50 ways to lose or damage your patients, (Comment échouer en thérapie, 50 manières de perdre ou de faire du mal à vos patients), Bernard Schwartz et John Flowers proposent plusieurs stratégies pour se préserver de l'Erreur N°46: Comment ne pas pas être à l'écoute de son bien-être :
- S'évaluer régulièrement avec l'Inventaire de Burnout de Maslach (1981) en quelques clics et en français sur le net.
- Rejoindre ou créer un groupe d'intervision entre thérapeutes.
- Rester vigilant et surveiller l'apparition des signes de surcharge des thérapeutes:
+++ Voir trop de clients du même type.
+++ Se sentir plus irrité en présence de ses clients.
+++ Perte d'intérêt pour la profession, par exemple moins lire les revues professionnelles, ne plus assister à des conférences et/ou formations.
+++ Augmentation de la procrastination pour rapeller les clients ou tenir les notes de thérapie et les dossiers des clients à jour.
+++ Des journées de travail sans plages de repos entre clients.
Benjamin Schoendorff